Chers étudiants,
Quelques nouvelles :
Le cours de Françoise Digneffe ne sera pas déplacé mais nous terminerons un peu plus tôt pour que les étudiants puissent aller à l'EDS de Paifve.
Attention, changement de date : je défends ma thèse de dotorat en criminologie le jeudi 20 à 15H salle Jean Dabin, Faculté de Droit de l'UCL (place Montesquieu, LLN).
Après en avoir parlé à Stéphane, il apparaît que le chat n'est pas efficace pour les questions-réponses. Vous pourrez malgré tout m'adresser vos questions (un local virtuel sera spécifiquement aménagé à cet effet).
Je vous demanderai de dépasser le mécanisme défensif "je ne comprends RIEN" (défense) ou "j'ai TOUT compris" (sympathie). Les questionnements supposent un travail préalable et un effort de réflexion.
Par ailleurs, lors de la pause, Valentine m'a posé la question de savoir si le détenu dont j'ai parlé (qui avait peur du ventilateur qui allait l'agresser) n'avait pas connu une évolution normale, faisant référence à ce qu'elle avait compris des positivistes italiens (théorie de l'atavisme). Je lui ai répondu assez vite et, après-coup, je me suis dit que la réponse méritait davantage de développements et de publicité.
En fait, les positivistes étudiaient leurs "objets" de manière extérieure : le fou, le criminel ou le malade, c'était l'autre. Or, dans le modèle clinique, vous savez tous maintenant qu'il en va autrement dans la mesure où c'est la relation moi-autrui qui est à la fois l'objet et la méthode du clinicien. Au-delà, on pourrait dire que le détenu dont j'ai évoqué le cas témoignait d'un comportement de nature infantile (animisme). Ce comportement semblant déviant puise ses racines dans le même réservoir que la pensée et l'imagination... voire nos projets de vie à tous. En effet, projeter, c'est avant tout "jeter" dans le futur ce qui n'est pas encore, autrement dit introduire une distinction entre celui qui jette (le su-jet) et ce qui est jeté (l'ob-jet). Jeter vous met toujours "en face de" (c'est ce que désigne "ob-"), cet "en face" constitue un pôle tantôt d'attraction, tantôt de répulsion. Dans le cas qui nous a occupé, le détenu fait du ventilateur un sujet vivant potentiellement agresseur et se pose en objet de l'agression, il risque de la subir (il dénie alors que c'est lui qui peut faire subir le destin qu'il prête à ce ventilateur). On voit alors qu'il ne reconnaît pas sa propre agressivité comme lui appartenant et intentionnalise l'objet. On peut même aller plus loin dans l'interprétation en se demandant s'il n'a pas ainsi "ventilé" ses propres pulsions agressives au sens de les diffuser...
Suite à l'exemple de la publicité Nestlé que j'ai évoqué au cours et dont vous pouvez à présent trouver l'adresse IP ci-dessous, Delphine m'a interpellé par rapport à ce qu'il faudrait faire lorsqu'un enfant adopte ce type de comportement. Je n'ai pu lui répondre comme je l'aurais voulu; aussi, vais-je prendre le temps ici de développer ma pensée. Une première idée est que l'adulte ne doit pas - trop - intervenir dans l'espace du jeu de l'enfant qui est son espace de créativité propre. Dans le cas présent, en fin stratège, l'enfant dénie la réalité mais il sait aussi que la maman n'est pas dupe (il fait alors l'hypothèse qu'elle pourra peut-être se mettre à sa place d'enfant). Sa position est ambivalente. L'adulte pour être structurant doit mettre l'enfant devant son déni de la réalité, que ce n'est pas "Maurice qui a bouffé tous les chocolats...".
Pour l'enfant, le jeu est une activité très sérieuse. Lorsqu'on l'interpelle sur la réalité en lui disant que ce n'est pas possible ce qu'il raconte, il vous répétera sans doute : "c'est pour du semblant". L'enfant sait que c'est du jeu. La question posée est intéressante car elle me semble aussi s'appliquer au délire même si le délirant ne joue pas (encore que des nuances seraient à faire), il vit le délire : que faut-il faire quand une personne délire (entrer dans son jeu ou non?). Je dirais que tout dépend du type de délire et de la fonction qu'il a pour le délirant. Il reste que c'est souvent une production qui permet de tenir dans la réalité mais il existe aussi des délires destructeurs. Souvent, lorsqu'on fait l'expérience du délire, il arrive qu'on ne se rende pas compte tout de suite (certains délires sont très organisés, très réalistes et rationnels). Je me rappelle d'une conférence que j'ai donnée aux aumôniers de prisons où ils se posaient la question de savoir comment écouter un délirant qui se prend pour Jésus-Christ, ce qui arrive quelquefois. On notera le comique de cette situation et le sens décisif qu’elle peut avoir – le délirant se pose la question « qui suis-je ? » en interpellant l’aumônier dans son propre rapport à la croyance – qui es-tu ? Pour le dire très simplement, il ne s’agit pas de croire ou de faire comme si le délirant était Jésus-Christ en vous prenant pour Marie, Judas ou le soldat qui le conduit à la crucifixion mais de soutenir que, pour le délirant, ce rôle qu’il emprunte – héroïque comme ils se sont souvent – le valorise et lui permet de tenir… Et de l’accompagner métaphoriquement le long de son chemin de croix vers sa résurrection. J’en termine avec ces références bien suspectes dans l’Université qui vient de m’accueillir.
Une autre étudiante (dont je ne connais pas le prénom) m'a fait remarquer que je lui avais mis l'eau à la bouche en évoquant trop rapidemement fla thématique "féminité et crime", je viens de demander l'article à Antoine Masson, spécialiste de cette problématique, un homme d'ailleurs... L'aricle sera mis à disposition mais cette problématique ne concerne pas le cours, je l'ai évoquée pour souligner qu'on intentionnalisait les phénomènes naturels (noms de femme à des ouragans).
https://www.youtube.com/watch?v=RTNJcN9dk5gBon WE à tous,
C.A.