Je suis tout à fait d'accord avec vous mais ce sont les concepteurs du DSM eux-mêmes (APA) qui se prétendent athéoriques, cette définition vient d'eux. Comme je l'ai exposé ailleurs et au cours, nous avons toujours une théorie de départ, souvent implicite, mais les concepteurs du DSM la dénient...
La recherche de consensus à tout prix (et en creux, d'une seule langue... l'anglais...langue dans laquelle les consensus s'élaborent) a conduit à l'appauvrissement des catégories du DSM. Si vous prenez les perversions, elles ont simplement disparues... pour être remplacées par les paraphilies, parce qu'elles posaient trop de problèmes de discussion théorique. Nous pensons, les psychopathologues, que ces discussions doivent conduire à enrichir nos représentations et non l'inverse (et tant mieux si elles sont conflictuelles!).
Par ailleurs, si vous lisez le DSM, vous verrez qu'il n'y a aucune discussion théorique proprement dite.
Ce n'est pas qu'il ne soit pas important car c'est le Manuel de psychiatrie vendu le plus dans le monde (et dans toutes les langues)... mais que, de mon point de vue (partagé par quelques autres), il n'atteint pas les exigences d'une psychopathologie...
Vous trouverez une magnifique analyse de cette rhétorique dans Kirk & Kutchins, Aimez-vous le DSM?, Institut Synthé Labo, coll. Les empêcheurs de penser en rond. Cet ouvrage sociologique a été salué par la prestigieuse revue Nature. Dans un de mes articles dans la revue Déviance et Société (2006), si cela vous intéresse, je développe davantage la critique de cette rhétorique. L'article s'intitule : "Les classifications psychologiques d'auteurs d'infraction à caractère sexuel : une revue critique de la littérature".
C.A.